Commençons par rappeler ce que signifie « naître prématuré ». Tout enfant né avant 37 semaines d’aménorrhée, c’est-à-dire avant 8 mois de grossesse, naît prématuré. (1)
Cette naissance précoce interrompt le développement in utero de l’enfant. Les systèmes nerveux central et digestif entre autres sont alors particulièrement immatures chez le nouveau-né.
La diversification alimentaire consiste à proposer à un nourrisson d’autres aliments que le lait maternel car seul il ne suffit plus pour satisfaire ses besoins nutritionnels selon l’OMS, Organisation Mondiale de la Santé (2). Notre société occidentale européenne nuance cette définition en incluant les laits industriels. (3)(4)
Cette diversification se déroule idéalement à partir de l’âge de 6 mois chez un enfant né à terme pour l’OMS (2), donnée encore une fois nuancée en France puisque l’ESPGHAN, société européenne de gastro-hépato-entérologie et nutrition, et la Société Française de Pédiatrie, préconise de la débuter entre 4 et 6 mois d’âge révolu. (3)(4)
Je ne reviendrai pas ici sur les tenants et aboutissants de la DME, diversification menée par l’enfant, que vous pourrez retrouver dans différents articles de cette plateforme.
Mais il est important de rappeler que la DME nécessite un développement moteur et sensitif adapté, chez l’enfant qui a atteint l’âge de 6 mois et né à terme.
Bébé doit avoir une posture, un tonus musculaire et pouvoir tenir assis seul. Bébé doit également avoir une certaine motricité fine, une coordination main œil, attraper la nourriture et savoir la porter à la bouche.
Parce que les enfants prématurés ont une immaturité accentuée, il est important de prendre en compte leur âge corrigé, plutôt que leur âge réel.
Cet âge va ainsi nous permettre d’évaluer les acquisitions psychomotrices de l’enfant de façon personnalisée.
Plus un enfant naît prématurément et plus le décalage de ses acquisitions risque d’être important par rapport à un autre enfant, si l’on se fie à son âge réel, c’est pourquoi l’âge corrigé est indispensable.
Comment le calcule t-on ? C’est très simple !
Il suffit de se fier à la date du terme prévu. Ainsi l’écart entre âge corrigé et âge réel peut varier entre 5 et 18 semaines.
En pratique, il n’est pas question de regarder l’âge de bébé mais de se concentrer sur ces acquisitions !
Il est vrai que les études sur la diversification de l’enfant né prématuré sont rares. (5)
En France, les professionnels s’accordent donc pour attendre que l’enfant ait atteint l’âge de 3 mois corrigé au minimum avant de débuter la diversification alimentaire. Les pratiques toutefois restent très variables entre les praticiens.
Minute coin du globe – Seul le Royaume-Uni a établi une recommandation. Il préconise de débuter la diversification une fois seulement que le poids de l’enfant atteint les 5 kilos.
Ensuite, tout se déroule tout à fait normalement. Une fois la diversification engagée, on adapte les textures et tailles des morceaux aux aptitudes de l’enfant.
C’est une grande nouvelle, et je comprends votre enthousiasme mais surtout n’hésitez pas à en parler à votre médecin, pédiatre ou nutritionniste avant de faire le grand saut, on constate que l’introduction des aliments est souvent bien trop précoce chez les enfants prématurés.
Tout enfant a des besoins qui lui sont propres, d’où l’intérêt d’une approche individualisée de la diversification alimentaire. L’enfant né prématurément nécessite d’ailleurs un suivi soutenu de sa croissance et de sa santé générale durant les premières années de sa vie, pourquoi se priver d’un avis !
(1) OMS : Arrivés trop tôt: rapport des efforts mondiaux portant sur les naissances prématurées. 2012. (2) OMS : Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. 2002. (3) Turck D. Après le lait: quoi, quand, comment, pourquoi? Archives de Pédiatrie. 1998. (4) Fewtrell M, Bronsky J, Campoy C, Domellöf M, Embleton N, Fidler Mis N, et al. Complementary Feeding: A Position Paper by the European Society for Paediatric Gastroenterology, Hepatology, and Nutrition (ESPGHAN) Committee on Nutrition. Journal of Pediatric Gastroenterology and Nutrition. 2017. (5) Liotto, N. Cresi, F. Beghetti, I. « et col. » Complementary feeding in preterm infants: a systematic review. Nutrients. 2020.