Avec les douleurs digestives et les troubles du sommeil, les difficultés d’alimentation font partie des causes de consultations pédiatriques les plus répandues en France.
On parle de troubles de l’oralité alimentaire lorsque bébé refuse de prendre le sein ou le biberon, qu’il présente des difficultés à manger certains aliments, certaines textures, pendant au moins un mois et que ce comportement à des répercussions sur sa santé (poids, croissance, développement) ou sur sa vie sociale (famille, garde, école, loisir).
Ces troubles peuvent être présents dès le début de vie du bébé, au moment de la diversification alimentaire ou au moment du passage aux aliments solides. Ils peuvent apparaitre à la suite de problématiques somatiques (prématurité, maladies somatiques ou handicap) ou bien après un choc psychologique. Dans ce cas, on parlera alors d’un trouble du comportement alimentaire post-traumatique. Il peut s’agir d’un accident de fausse route avec un solide, d’un traumatisme psychique (violence lors d’un repas), d’un traumatisme d’ordre médicale (sonde nasogastrique, nutrition entérale, intubation, aspiration etc…). Dans ce cas, le refus alimentaire peut-être sélectif. Par exemple, le bébé peut refuser le biberon après un incident de vomissements ou de fausse route mais accepter de se nourrir à la cuillère. Au contraire, il peut refuser de manger du solide après s’être étranglé avec un aliment solide mais accepter le biberon. Dans les cas sévères l’enfant peut refuser toute alimentation. Lors d’événement traumatique en lien avec la nourriture, l’enfant peut manifester une grande détresse dans des situations qui lui rappellent l’événement traumatisant, telle que la préparation du repas, le passage à table. Il peut également manifester des signes d’anxiété anticipatoire.
On parle d’anorexie infantile lorsque l’enfant refuse de s’alimenter et qu’il a une incidence sur sa santé. L’anorexie infantile débute souvent entre 6 mois et 3 ans.
Par ailleurs, votre enfant peut refuser de manger des aliments qu’il ne connaît pas et cela n’a rien d’anormal. Cette phase, appelée néophobie alimentaire est très courante chez les enfants âgés de 18 mois à 6 ans. L’enfant a peur de ce qui se trouve dans son assiette. Elle touche 77 % des enfants âgés de 2 à 6 ans, et est donc courante et normale. Parmi les comportements caractéristiques de la néophobie alimentaire on retrouve : le refus d’ouvrir la bouche face à des aliments, le fait de tourner la tête dès qu’un adulte tend un aliment, le fait de refuser de goûter tout aliment sans même l’avoir goûté, le fait de ne pas supporter que les aliments soient mélangés, le fait de recracher les aliments, le fait de faire durer inlassablement les repas en touchant les aliments avec les couverts mais sans les manger. En général, la néophobie alimentaire dure quelques semaines, voire quelques mois. Il se peut qu’elle dure plusieurs années, mais c’est beaucoup plus rare.
Dans le cas de troubles alimentaires qu’ils soient sévères ou modérés le recours à un psychologue psychothérapeute ou pédopsychiatre est nécessaire. En effet, cet accompagnement psychothérapeutique permettra aux parents et à l’enfant d’appréhender les difficultés alimentaires sous un autre angle, avec une tierce personne.
Dans le cas de difficultés alimentaires plus modérées, on tentera de dédramatiser la situation, de ne pas forcez l’enfant à manger. L’objectif est qu’il puisse ré-apprivoiser la nourriture, qu’il retrouve la notion de plaisir. Dans le cas de néophobie alimentaire vous pouvez disposer tous les aliments qui composeront le repas, de l’entrée au dessert, sur la table. De sorte que l’enfant visualise tout ce qu’il peut manger. Laissez-le expérimenter des mélanges : peu importe s’il trempe ses courgettes dans son yaourt. Impliquez-le au maximum dans la préparation, vous pouvez également faire les courses avec lui, lui expliquer chaque aliment, son origine, ses bienfaits. Vous pouvez également le faire participer à l’élaboration du repas, en lui confiant des tâches adaptées à son âge. Autres possibilités, lui montrer un imagier des aliments ou en créer un avec lui. L’enfant doit prendre conscience que manger est important pour lui, que ça lui fait plaisir pour qu’il puisse passer de l’étape d’être nourri à celle de se nourrir.
Enfin, n’hésitez pas à demander conseil à un professionnel de santé, notamment un ou une nutritionniste spécialiste de l’alimentation infantile. Il ou elle pourra vous rassurer.